mercredi 26 juin 2019

Cultiver la joie

Depuis que je parle de collapsologie autour de moi, je reçois régulièrement des messages de personnes qui me disent être abattues, déprimées depuis qu'elles ont compris.

Dans les podcasts que j'écoute, en particulier "Présages", une question revient à chaque interview: comment faites vous pour trouver la joie dans un contexte d'effondrement ?

Alors j'ai décidé d'écrire quelques pistes ici. S et moi sommes forts d'un optimisme né et nous n'avons pas abandonné la joie depuis que nous nous intéressons à ces questions.

1. Comprendre qu'il est normal d'être abattus juste après la prise de conscience et puis encore périodiquement, quand on découvre un nouvel impact auquel on avait pas pensé ou qu'on relit quelque chose qu'on avait oculté. Notre cerveau est merveilleux: il est normal que la prise de conscience soit difficile; une fois celle-ci acceptée notre cerveau est résilient et a la capacité d'accepter cette nouvelle réalité et d'avancer.

2. Ralentir le rythme. Une fois qu'on a compris, il ne reste plus à rien de courir : courir pour gagner plus, pour réussir, pour avoir plus de choses, pour arriver à l'heure... On va vite, on se dépêche , on court toute la journée pour se précipiter vers quoi ? Rien de mieux en fait, alors profitons d'aujourd'hui. Et ça fait du bien.

3. Passer du temps avec les gens qu'on aime: nos familles, nos enfants, nos amis. Ce quotidien avec nos enfants qui nous paraît ennuyeux est en fait extrêmement rassurant, nos amis avec qui l'ont fait toujours les mêmes blagues est tellement reposant !

4. Se reconnecter avec la nature. Jardiner, se promener dans la nature, prendre le temps de regarder une plante pousser ou un oiseau agir librement. C'est ressourçant et apaisant.

5. Rencontrer et parler avec des gens qui partagent la connaissance du sujet. Ca peut être des amis, des groupes de collapsologues en chair et en os ou par réseaux sociaux. Ca fait un bien fou de ne pas se sentir seul !

6. Enfin agir ! En parler autour de soi, influencer, se poser des questions sur sa vie, sur ses choix, rêver à des projets, apprendre des choses, préparer un projet et puis un jour peut-être se lancer. Être dans l'action c'est tout ce que demande notre cerveau pour se sentir bien.

lundi 17 juin 2019

Nous sommes la génération de la cassure

Cette prise de conscience du risque qu'encours notre civilisations amène à une remise en question essentielle: celle de la vie que l'on  a construit jusqu'à aujourd'hui.

Nos parents ont vécu une période de croissance où le but était de s'élever socialement, de gagner plus d'argent au fur et à mesure de leur carrière afin d'arriver à un idéal de vie avec maison, voiture, vacances et enfants, avant de pouvoir profiter d'une retraite confortable et bien méritée. Nous avons nous même suivi ce paradigme, faisant des études qui nous permettent aujourd'hui de bien gagner notre vie sans avoir un métier trop pénible, d'avoir de l'argent afin de s'acheter plein de choses (bien plus vite et en bien plus grande quantité que nos parents) et de voyager (bien plus loin et bien plus souvent que nos parents). Car voilà, en quelques années tout s'est accéléré, tout s'est emballé. Ce que nos parents espéraient pour nous est arrivé mais cela nous a tous dépassé: la consommation, la technologie, le digital... tout est devenu incontrôlable. A côté de nous, d'autres n'ont pas eu notre chance et se sont retrouvés encore plus dans la misère. Au lieu de gagner en niveau de vie durablement, progressivement et tous ensemble, nous nous sommes élevés trop vite en écrasant les plus pauvres et ... en détruisant notre environnement, c'est à dire en sciant méthodiquement la branche sur laquelle nous sommes assis.

Notre première moitié de vie s'est construite sur un modèle qu'on pensait éternel. Nous n'avons pas eu le temps d'en appréhender les dérives. Tout est allé trop vite.

Aujourd'hui, j'ai l'impression de tout avoir: un bon boulot, un bon salaire, une belle maison, une jolie famille, de merveilleuses vacances... J'ai atteint une sorte de Graal. Je pourrais maintenant vivre paisiblement apprenant de nouvelles choses, lançant de nouveaux projets, découvrant de nouvelles régions du monde, sans me mettre en danger.

Oui, mais seulement si je ne savais pas. Et aujourd'hui je sais. Je sais que continuer à vivre comme ça n'est pas durable pour mes enfants, pour ma planète, pour ma civilisation. Je sais qu'en fermant les yeux, ma vie est merveilleuse mais dès que je les ouvre, et que je lis, et que j'écoute, et que je regarde, je sais que je n'ai pas le droit de faire comme si tout allait bien.

Nous sommes la génération de la cassure, nous nous devons de briser ce modèle afin de préparer au mieux nos enfants au nouveau monde. C'est à nous que revient l'épreuve de faire le deuil d'un idéal et de préparer ceux qui nous sont chers au prochain. Nos enfants n'auront pas les mêmes objectifs, ils ne se battront pas pour vivre confortablement, ils se battront pour vivre ou pour que notre planète soit encore vivable. Cela semble dingue aujourd'hui, cela semble irréel. On se dit "il faut que je gagne de l'argent pour payer de bonnes études à mes enfants afin qu'ils aient un bon métier demain". Quel sera le bon métier dans 20 ans, en 2040? Qu'est-ce qui sera encore vraiment important? Il faut qu'ils aient une tête bien faite, de la résilience, des connaissances utiles qui leur permettront de vivre dans un environnement changeant.
Cependant et contrairement à nous, ils n'auront pas à abandonner une situation acquise après effort. Pour eux, comme aujourd'hui pour Greta Thunberg et sa génération, la prise de conscience fera partie de leur construction. Ils n'auront rien à abandonner, tout à construire, autrement. Et ils le feront, bien plus librement que nous.

Il va donc falloir que l'on accepte d'avoir passé la moitié de notre vie à atteindre un idéal qui n'est plus viable et de tout repenser autrement. C'est horriblement dur à accepter, c'est d'ailleurs pour moi ce qui est le plus dur à vivre.
Laissez moi encore un peu de temps.... Un deuil prend du temps.


Alors que faire ? Comment réagir ? Comment agir? Je partagerai mes réflexions dans un prochain article. Stay tuned!

vendredi 7 juin 2019

... et d'eau fraîche!

Il y a quelques semaines on s'est posé la question de la qualité de l'eau que l'on boit tous les jours. Nous avons arrêté de boire de l'eau en bouteille depuis très longtemps, d'une part parce que l'eau du robinet à Toulouse n'a pas un mauvais goût et d'autre part pour diminuer nos déchets plastiques. Notre fille d'un an a d'ailleurs toujours bu de l'eau du robinet depuis qu'elle est née !

Mais on entend et lit de plus en plus souvent que l'eau du robinet contient de nombreuses substances qu'on préférerait éviter comme des pesticides (https://www.bioaddict.fr/article/les-cours-d-eaux-europeens-pollues-par-les-pesticides-et-les-medicaments-veterinaires-a6218p1.html), des sels d'aluminium (en partie responsable de la maladie d'Alzeimer), des résidus d'antibiotiques (https://www.lexpress.fr/actualite/societe/environnement/la-pollution-par-les-antibiotiques-au-fil-de-l-eau_1837248.html) et diverses hormones venant en particulier des moyens de contraception. Lorsqu'on a commencé à en parler autour de nous on s'est rendu compte que plusieurs amis s’inquiétaient de l'âge précoce auquel leurs filles avaient leurs règles. Ceci s'ajoute a l'impression que beaucoup de nos amis ont des problèmes de fertilité.

Et le retour à l'eau en bouteille est loin d'être une solution ! En 2018 plusieurs articles ont fait part d'une étude ayant détecté des particules de plastique dans l'eau en bouteille:  https://www.sciencesetavenir.fr/sante/l-eau-en-bouteille-deux-fois-plus-contaminee-par-des-particules-de-plastique-qu-au-robinet_122059.amp

Après quelques investigations nous avons donc décidé de nous équiper d'un filtre à eau. Je ne veux pas faire de pub pour un modèle, il y a certainement d'autres modèles qui utilisent le même système. Il s'agit d'une cuve que l'on remplit et qui contient des filtres très performants. La filtration est faite au goutte à goutte par gravité. C'est la lenteur de la filtration qui permet d'enlever le maximum de résidus. On la remplit le soir pour que l'eau soit filtrée tout doucement pendant la nuit. Ce sont les meilleurs 300 euros que nous ayons dépensé depuis longtemps ! 

Le lien vers le modèle qui nous a convaincu :
Voici également le lien d'un autre article très détaillé à ce sujet :

Glouglouglou!

jeudi 6 juin 2019

Par où commencer?

Maintenant que tout cela (les émotions, les sentiments, les ressentis) est dit, comment fait on pour commencer à se renseigner sans se noyer ?
Parce que taper "collapsologie" ou "effondrement" sur Google (ou plutôt Ecosia) ça nous envoie vers des tas et des tas de références dans tous les sens.
Alors très sincèrement c'est un peu comme tirer le fil d'une pelote de laine: on s'intéresse au zéro déchet puis au réchauffement climatique puis à l'effondrement, puis aux fondations du capitalisme puis au low tech, puis aux sciences cognitives puis...
Mais ne nous emballons pas. Sachez que collapsologie et théorie de l'effondrement sont à peu près la même chose mais ça ne s'arrête pas là, c'est seulement le début (et heureusement) de découvertes et apprentissages.

Pour commencer je vous conseille l'interview de Cyril Dion parce que c'est un homme positif et posé.
https://youtu.be/Gtw3VfBRzpk

Puis celles de Pablo Servigne, l'auteur de "Comment tout peut s'effondrer", parce que c'est un scientifique qui s'en tient aux faits et qui est aussi un homme bien:
https://youtu.be/iJ_NBs_huBs
https://youtu.be/5xziAeW7l6w

Et surtout lisez le résumé du rapport du GIEC de 2018:
https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/03/ar4-wg3-spm-fr.pdf

Et puis écoutez d'autres gens: Philippe Bihouix (pour les low tech) , Gaël Giraud (pour la finance) , Arthur Kheller (pour la transition), Vincent Mignerot (pour Adrastia), Aurelien Barrau (astrophysicien), Jean-Marc Jancovici (pour l'énergie)...

Que vous retrouverez sur des chaînes de médias alternatifs:
-Next:
https://www.youtube.com/channel/UC0i7t1CC7T0xheeBahaWZYQ
-Usbek & Rica
https://m.usbeketrica.com/
-Lundi am
https://lundi.am/


Et puis des livres, tout un tas qu'on lit à tour de rôle, qu'on fait passer à nos copains et familles... (Manquent sur la photo "Dans la forêt" et "L'année du lion" lus récemment et prêtés)



Abreuvez vous en podcasts et articles sur votre trajet domicile/travail, le soir à la maison, entre midi et deux au boulot. La soif de savoir est intarissable...

vendredi 31 mai 2019

Après le déni

Ca a commencé en février 2019. J'ai l'habitude que S. arrive le soir a la maison avec une nouvelle idée en tête. C'est arrivé progressivement mais très rapidement, comme une vague qui déroule implacablement. Le 1er soir il m'a dit être tombé sur un article qui parlait d'effondrement, puis une vidéo, puis de jour en jour il s'est passionné pour le sujet.
Ma première réaction est d'écouter toujours, je suis curieuse. Mais très vite j'ai été mal à l'aise, je ne voulais pas en entendre parler. Je me souviens lui avoir dit très exactement: "dans ce projet là je ne te suis pas, c'est morbide !" Il n'a pas insisté il a continué ses recherches et il m'a laissé faire mon chemin. J'étais dans le déni.

La 2eme étape est arrivée très vite après, au boulot lorsque j'ai assisté dans mon bureau à une analyse des impacts du réchauffement climatique sur 3 scénarios : +1,5, +2,  +4°C.
Je me souviens encore leur avoir dit "j'entends parler de collapsologie a la maison tous les soirs, et ici aussi ?"
Là je ne pouvais plus me dire qu'il s'agissait d'un intérêt passager, d'une théorie et puis surtout moi aussi je voulais comprendre. Alors j'ai commencé à lire, à regarder, à écouter... C'est vrai c'est passionnant mais aussi inquiétant, perturbant, anxiogène, dévastateur. Ce cheminement est long et personnel, on ne peut le vivre qu'en soi mais surtout pas seul. Il faut pouvoir en parler, argumenter, échanger. On passe souvent d'une grande colère, à une grande tristesse puis à un grand espoir et enfin à une grande énergie. Je n'ai pas eu autant d'énergie depuis très longtemps. Bien sûr j'ai des moments d'abattements mais je reviens toujours dans l'action, la construction, la créativité.

Je vous écris tout ça car mon blog va prendre un nouveau virage et je vais vous parler de collapsologie et surtout d'avenir mais avant cela je veux que vous compreniez que nous tous qui nous intéressons à notre futur sommes traversés par les mêmes émotions. Et c'est OK. Aujourd'hui je sais que vivre dans l'ignorance n'était pas mieux. Je vis aujourd'hui avec de nombreuses questions mais surtout avec un apaisement qui s'explique par une prise de recul énorme par rapport aux petits soucis du quotidien.  Allez, suivez moi !

Je concluerai cette intro par un petit extrait de "comment tout peut s'effondrer" de Pablo Servigne:
"Prendre un tel chemin ne laisse pas indemne. Le sujet de l'effondrement est un sujet toxique qui vous atteint au plus profond de votre être. C'est un énorme choc qui dézingue les rêves. Au cours de ces années de recherches, nous avons été submergés par des vagues d'anxiété, de colère et de profonde tristesse, avant de ressentir, très progressivement, une certaine acceptation, et même, parfois, de l'espoir et de la joie. En lisant des ouvrages sur la transition, comme le fameux manuel de Rob Hopkins, nous avons pu relier ces émotions aux étapes d'un deuil. Un deuil d'une vision de l'avenir. En effet, commencer à comprendre puis à croire en la possibilité d'un effondrement revient finalement à renoncer à l'avenir que nous nous étions imaginé. C'est donc se voir amputés d'espoirs, de rêves et d'attentes que nous avions forgés pour nous depuis la plus tendre enfance, ou que nous avions pour nos enfants. Accepter la possibilité d'un effondrement, c'est accepter de voir mourir un avenir qui nous était cher et qui nous rassurait, aussi irrationnel soit-il. Quelle arrachement ! "

jeudi 30 mai 2019

J'ai acheté un billet de train

Mai 2019. Cela fait environ 10 ans que je n'ai pas pris le train pour faire des trajets en France. J'habite à Toulouse, les compagnies aériennes et les destinations se sont multipliées, le TGV ne roule pas Très Vite jusqu'ici et il est trop cher, la voiture me fatigue... Je prends l'avion souvent, pour 48h ou même 24h, 1 a 2 fois par an je pars en voyage a l'autre bout de la planète, j'ai mes habitudes à l'aéroport, pour faire mes bagages, je cumule les points. C'est devenu bien plus simple pour moi que de prendre le bus.

Mais voilà on est en mai 2019 et on se réveille. Le climat se réchauffe, on émet trop de CO2. En Suède, c'est la honte de prendre l'avion. En France, une loi est proposée pour interdire les trajets en avion inférieurs à 2h30 substituables par des trajets en train. Alors on s'amuse à faire notre analyse carbone personnelle. Le couperet tombe : environ 34% de mes émissions sont dues à mes voyages en avion.

J'ai diminué mes déchets, je roule à vélo tous les jours, je n'utilise la voiture que pour partir en WE ou presque, je consomme moins et mieux. Mais finalement en quelques WEs par an et 1 ou 2 voyages au bout du monde je pollue 7 fois plus que ce que je ne devrais.
Alors voilà c'est pas grand chose, c'est le début, mais en juillet j'irai à Paris voir mes copains en train. J'ai acheté mon billet.

mardi 30 avril 2019

Du temps pour réfléchir

Il y a quelques semaines j'ai eu une "révélation". Le mot est un peu fort, certes, je m'explique.
S. me disait qu'il faudrait qu'on pose des journées pour pouvoir réfléchir à et maturer nos projets.
Cela m'a rendue bizarrement furieuse. Moi même je ne comprenais pas pourquoi, mais je trouvais ça profondément injuste qu'on ait besoin d'acheter, de payer des journées, c'est à dire acheter notre propre temps pour pouvoir réfléchir.
En moi, venant d'un lointain cours de philo de terminale, est ancrée l'idée que tout être humain a une richesse qu'on ne peut pas lui voler, et qui a la même valeur que l'on soit pauvre ou riche. C'est le temps que l'on a chacun à vivre.
Les employés gagnent un salaire mais leur temps ne leur appartient pas. Ils posent des congés, des arrêts maladies, des congés maternité ou paternité .... Leur temps ne leur appartient pas.
Un ami vient d'avoir un bébé, une amie lui a conseillé de ne pas poser ses trois jours tout de suite mais de les prendre une fois sa femme et son bébé rentrés à la maison  "ce sera plus utile". Dans quel monde vit on ? Pourquoi doit on choisir de passer avec son nouveau né entre les jours 1 à 3 et les jours 4 à 6?
Pourquoi dois je acheter du temps afin d'être libre de réfléchir quelques heures à la vie que je veux avoir ? A quel moment notre vie a t elle commencé a suivre les besoins de mon entreprise plutôt que mon boulot de répondre à mes besoins ? Là est ma révélation ou plus exactement ma prise de conscience.
Gâchons nous ce temps si précieux ? Comment faire autrement ? Chaque jour passe trop lentement lorsque nous faisons quelque chose qui n'a pas de sens pour nous, et est passé tellement rapidement lorsque nous cherchons à faire un bilan. Aux alentours de la 40aine le temps reprend sa vraie mesure, il est temps d'en prendre soin.